Faut il brûler son Business Plan ?

Le Business Plan, en France et dans beaucoup de pays, est présenté comme un outil indispensable de l'entrepreneur. De son point de vue, rédiger un plan d'affaires permet de s'assurer que l'on a traité toutes les questions importantes et de faire la preuve de ses capacités professionnelles auprès de ses futurs partenaires. Les banquiers, les comités de sélection de la plupart des incubateurs, les futurs associés, les financeurs publics apprécient ce document normé : les informations sont classées selon un plan identique, il est  possible d'aller creuser rapidement là où ça fait mal (le marché, la rentabilité) et de vérifier les capacités d'analyse et de synthèse de son interlocuteur.

Cependant de nombreux créateurs se plaignent du temps qu'ils consacrent à un document qui sert peu et qui comprend des prévisions difficiles à établir. Beaucoup d'entre eux considèrent que c'est un pensum ou avouent qu'ils ont inventé la plupart des chiffres et qu'une fois l'entreprise créée le document a rejoint la cave...

Les chercheurs en entrepreneuriat se sont penchés sur ce document,
dont l'enseignement est pourtant très répandu,
avec une approche parfois sévère. 
Certains comme David E. Gumpert* en 2002
 se posent même la question de le brûler ! 



Pour cet auteur le Business Plan n'est pas seulement inutile mais contre productif : il risque de décourager des investisseurs de s'intéresser à votre projet. En effet, la présentation uniforme ne permet pas de sortir du lot, les données sont rarement à jour étant donné qu'il est rédigé très en amont du processus, et sont biaisées par surestimation ("rendre la mariée plus belle" !).

Alors que faire ? L'auteur plaide pour un document beaucoup plus concis et qui présente les chiffres les plus réalistes possibles, pour passer plus de temps sur la construction de son réseau relationnel, imaginer des stratégies pour garder le contact avec les investisseurs potentiels, préparer des "pitch" (résumés percutants)...

Finalement Gumpert suggère, non pas de le brûler, mais plutôt de planifier le plus tard possible la rédaction de ce document :
“It is more essential to plan the business, than it is to write a business plan” (p. 164).
Cet ouvrage a eu le mérite de questionner l'utilité du Business plan, mais finalement Gumpert reste dans une approche classique. Plusieurs théories et méthodes proposent aujourd'hui les approches plus adaptées à la réalité de l'entrepreneur et à la complexité du monde économique :  la théorie du bricolage*, la théorie de l'Effectuation, le Lean start up*, le Business model nouvelle génération, le Design thinking, etc. Elles vont toutes dans le sens d'apprendre raisonner différemment, en développant des approches moins normées, linéaires et plus créatives, ancrées dans la compréhension des attentes et de l'usage de l'individu.

Alors, je le rédige ou pas ce plan d'affaires ??? 

Oui, surtout si vous cherchez des capitaux extérieurs,
mais en y passant un temps raisonnable
 et seulement après avoir testé de manière concrète vos idées 
(voir le Lean start up, article dans ce blog) !

* David E. Gumpert ( 2002) , Burn Your Business Plan: What Investors Really Want From Entrepreneurs, Needham, MA: Lauson Publishing.
* Voir articles sur ce blog : Entrepreneurs...Hé bien ! bricolez maintenant ! / Le lean start up.